13 février 2006

« Bonne année ! » …


Il existe dans le judaïsme une fête curieuse qui s’appelle : « Tou Bichvat »
Littéralement 15 (du mois) de chevat (13 février cette année), elle correspond au Nouvel an des arbres, c'est-à-dire au temps de la montée de la sève dans l'arbre. C’est en quelque sorte une fête de l’environnement.
Le Talmud enseigne qu'il existe 4 « nouvel an » dans le calendrier juif.
Si le 1er jour du calendrier juif, l'homme est jugé, le 15 chevat c'est sa nourriture originelle, le fruit de l'arbre, qui l'est. Une manière de souligner que la nature est placée sous le regard de Dieu.
A cette occasion, au moins 15 sortes de fruits sont consommées.

Comment ça se passe ?

La famille se réunit autour d’une table de fête et la dégustation de produits de la terre peut débuter en fonction des traditions familiales.
Voici quelques exemples et leur symbolique :
On commence la dégustation avec un gâteau à base de blé ou/et d'orge. C’est l'aliment de base de l'homme.
Ensuite on prend une olive : l'olivier qui devient très vieux, millénaire dit-on, symbolise l'ancienneté, et ses feuilles persistantes l'opiniâtreté. De la partie charnue de son fruit, on en tire par expression l'huile d'olive, symbole de lumière ou de consécration. Le fruit vert, confit dans la saumure et consommé comme olive de table, nous enseigne que l'amer s'adoucit par le travail et le temps...
On enchaîne avec la datte : symbole de la douceur.
Ensuite, on mange le raisin, porteur de mémoire, de symbolique et de tradition, il est à l’origine d’une boisson qui occupe une place de choix dans le culte : le vin sert à sanctifier les fêtes qui marquent une vie observée dans le judaïsme (le jour du repos ou shabbat, le mariage).
La Figue rappelle que ses feuilles ont servi à recouvrir la nudité d'Adam et Eve après LA faute.
On consomme de la Grenade qui par son nom évoque l'élévation.
Ensuite, on consomme La Pomme, surtout mentionnée dans le Cantique des Cantiques, et dans la kabbale : à l'occasion du parfum exaltant qui émanait des vêtements de Jacob venant pour recevoir la bénédiction de son père Isaac (Genèse 27 :27). Ces vêtements provenaient du paradis dont les pommes exhalaient un parfum enivrant. Le souvenir des pommiers du paradis apparaît également dans la coutume de manger des pommes au moment du nouvel an juif Roch Hachana.
La pomme fait référence au souffle de la vie, de la parole.
Le Caroube est consommé également à cette occasion ; il célèbre l'investissement d'effort des générations précédentes pour les suivantes. Il est traditionnellement opposé à l'amande, car il est très long à donner des fruits (environ 70 ans).
Certains mangent 15 sortes de fruits ou plus selon les traditions.
Très récemment s'est introduit la coutume de planter un arbre à Tou Bichvat.

Quelle est la signification de cette fête ?

Cette célébration a lieu le 15 chevat, date à laquelle on fête le renouveau du printemps ; les pluies commencent à faiblir et la nature à se réveiller.

Les textes du judaïsme contiennent de nombreuses métaphores associées à l’image de l’arbre.

Dans la pratique, ce nouvel an Tou Bichvat sert essentiellement à définir une limite pour le calcul de la dîme (prélèvement religieux du dixième de la récolte). Tout fruit récolté avant le 15 Chevat sera intégré dans le calcul pour la dîme d’une année, celui récolté après cette limite interviendra dans le calcul de l’année suivante.

Il y a trois sortes de dîmes.
La première dîme est prélevée par l’agriculteur juif et donnée aux membres de la tribu de Lévi, qui se consacrent entièrement au culte, et ne possèdent pas de terre.
La seconde dîme est consommée par l’agriculteur et sa famille.
Enfin la dernière catégorie est la dîme distribuée aux pauvres.

Aujourd’hui, ce système ne s’applique plus mais la signification demeure.
La première dîme attribuée à la tribu des Lévi constitue la participation au culte.
La seconde dîme, gardée pour soi, mais à consommer lors d’un pèlerinage symbolise l’épanouissement personnel, l’amélioration de ses qualités personnelles et la dîme pour les pauvres marque le souci social de la relation avec l’autre.
La fête de toubichvat rappelle que ce tryptique «culte, développement personnel, relation à l’autre» doit faire partie des fondements de l’homme.


Mange tes fruits !

D’après une communication de Bernard Kassel

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